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vendredi 8 mai 2015

Histoire d'un fils de galerne natif de Saint Clément des levées

La vie  de Jean GUILLON batelier à Saint Clément des levées
Du batelier…au marinier.....

En ce début du XVIIIe s. le village de Saint-Clément n’est plus rattaché à la paroisse de Trêves, mais est devenu une entité à part entière depuis l’ordonnance épiscopale du 6 mars 1696.
Enfin les « Clémentais »n’ont plus besoin de traverser la Loire, par toutes saisons, et toutes températures pour se marier ou faire baptiser leur petit dernier.On peut imaginer l’inconfort d’une traversée en période d’inondations, ou de gel avec  embâcle ou débâcle, ou encore dans les sables mouvants d’un été torride, avec le nouveau-né dans les bras !
Saint-Clément n’est plus le hameau, comme au Moyen-Âge, constitué d’une terre de friches, de bois et de forêts, parsemée de rares fermes dépendant du Comté et des Religieux de Cunault.
Le « Grand Passage » de la levée a apporté une expansion économique et démographique.Seuls subsistent les caprices de la Loire, toujours aussi présents et fréquemment rédigés par le vicaire sur ses registres paroissiaux. (hivers rigoureux ou mouvance des sables.)

C’est en 1744, par un hiver un peu moins rigoureux, que le vicaire de Saint-Clément, Beusnier, bénit, dans la modeste chapelle située en contrebas de la levée, le mariage de Simon Guillon et Jeanne Rocher le11 février 1744.
Simon a connu Jeanne sur les lieux de son travail, il était cherier (charron) dans l’atelier de son futur beau-père Pierre Rocher maréchal-ferrant à St Clément.
Simon et Jeanne auront 10 enfants. Jeanne accouchera de son premier, le 28 mars 1744…. Un mois et demi après leur mariage… ( L’amour a ses raisons que …... la Loire ne connaît pas !).
Elle se prénomme Marie. Il y aura ensuite Jeanne, Simon etc.……et le petit dernier Jean né le 4 juin 1760 à St Clément
A son baptême, le tintement des cloches de la chapelle se mêle au grincement des girouettes, des gabares et des chalands amarrés au quai. Ont-elles grincé, en ce jour de juin, avec plus d’ardeur qu’à l’accoutumée ?
Jean ne résistera pas et ne tardera pas à être à plein temps « un fils de galerne ».
Le trafic sur la Loire est de plus en plus intense, le travail n’y manque pas et Jean ne sera pas le seul à manoeuvrer les voiles, le « piaultre » et le « guinda ».
Les jeunes Clémentais sont nombreux à partir charger le bois de chauffage de Saumoussay, ou encore livrer les peupliers abattus sur les îles de la Loire, sur les bords de la Vienne, du Thouet ou de la Dive, pour la fabrique d’allumettes de Trélazé. Sur les quais d’Angers, les attendaient des tas de vieilles ferrailles destinées aux Fonderies d’Indret.
Parfois ils transportaient également le foin des îles et environs de Paimboeuf jusqu’à Nantes.
Suivant la demande, ils étaient enrôlés sur les chalands affectés au commerce sur les canaux en direction de Paris, le plus souvent il s’agissait d’acheminer le vin ou les pommes récoltées dans toute la vallée..
Parmi tous ces jeunes, deux amis d’enfance de Jean Guillon, Maurice et Jean Pontoire, deux fils de Jean Pontoire et Michelle Gaultier, effectuent les mêmes transbordements que lui. Quelque soit leur destination saisonnière, à chaque voyage, ces trois jeunes clémentais affinent leur habileté à la manoeuvre.
Entre deux parties «d’aluette » dont ils jouent avec ardeur comme tous les bateliers de la Loire, leur savoir-faire dans la descente rapide du mât au passage des ponts, leur donne une renommée qu’ils ne s’imaginent pas. L’été, à l’époque des basses eaux et du goudronnage, les gabares, les chalands et les toues sont amarrés aux quais de Saint-Clément par dizaines, voire centaines.
Dès que la Loire le permet, Jean Guillon et ses amis, reprennent leur coffre de batelier et repartent livrer, sel, bois ou vins. A cette époque, Saint-Clément comptait jusqu’à 7 ports aménagés le long de la levée :Port de la Rivière , Port Cunault, Port Sauvage, Port Têtu, Port Poisson, Port de la Bédinière, Les Combres. Quelques-uns de ces ports subsistent encore.
Embarquement des mariniers dans la Marine Royale
Après la Guerre de Succession d’Espagne puis la Guerre de 7 ans, la France trouve à nouveau en face d’elle, l’Angleterre. Le développement d’une marine royale devient particulièrement indispensable.
Les nouveaux et solides vaisseaux construits à cet effet, présentent une technicité avoisinant la perfection.
Mais où trouver les habiles matelots capables de s’adapter à la manoeuvre de tels navires ?
La vocation de toute une population tournée vers le fleuve et la réputation des  qualités professionnelles des bateliers de St Clément sont parvenues à la Cour du Roi Louis XVI, à une époque troublée par un conflit dont le cadre est maintenant l’Amérique.
Les bateliers de la Loire sont enrôlés en grand nombre de Saumur à Montjean.  Saumur (pour une population de 7700 habitants) n’en fournira « que » 150, à peine plus que Saint-Clément dont la levée pour la marine royale atteindra les 120. C’est considérable pour une petite paroisse rurale. Les jeunes Clémentais sont victimes de la renommée de leur niveau de compétences.
De 1780 à 1784, 120 bateliers de St Clément sont contraints de servir sur les vaisseaux du Roi, par Ordonnance du 12 juin 1780. Le 17 août 1780, Jean Guillon quitte St Clément pour le port de Brest.
A partir de cet instant, Jean n’est plus « batelier » mais « marinier ». Le prestige des Clémentais et autres ligériens est tel que l’Histoire ne retiendra que la seconde appellation, si bien que l’on ne parle plus aujourd’hui, pour tous, de batelier mais de marinier, même pour ceux qui ne sont pas partis.
Ses amis Jean et Maurice Pontoire, n’échappent pas à cette levée de matelots. Le premier part début 1781 et  Maurice, le 25 juin 1781.


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Sources :- Archives départementales de Maine et Loire- Archives communales de St Clément des levées- Archives départementales de la Charente- Archives de la Marine à Rochefort- Archives de l’Armée et de la Marine au Château de Vincennes- Archives Nationales à Paris- Archives de la Marine à Brest



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